
En très grande forme, Disiz ne se fait pas attendre pour poser ses pompes sur les planches d’une Maroquinerie timide, mais ravie de le revoir. T’es au fond de la salle, comme une mauvaise élève. T’es sceptique et tiens à le rester. Le concert commence et tu te sens comme à la première écoute de "Rebirth". Les accords de la guitare électrique te brisent les tympans mais tu t’y fais. Disiz annonce la couleur avec "Rien comme les autres" et tu te dis : "Sans déconner...?". T’es pas de mauvaise foi, mais en faisant lui-même danser des guillemets autour de son nouveau style musical, l’ancien Inspecteur ne t’encourage pas à mettre tes a priori de côté.
"Jolies planètes", "Faire la mer", "Yeah, yeah, yeah"... Les morceaux s’enchaînent et le public se chauffe peu à peu. Tu commences toi-même à hocher la tête. Tour à tour rockeur et rappeur, Disiz fait vadrouiller le public sur sa terre tant affectionnée. Entre le Congo et le Sénégal, tu commences à battre la mesure du bout de ta Converse et à goûter à la qualité des textes. Quand tu reconnais les premières notes de "Miss Désillusion", tu te dis qu’il t’a grillé les bras croisés au fond de la salle et qu’il cherche à t’amadouer. C’est réussi. Même quand il sert son indémodable "J’pète les plombs" version ska, la foule saute de joie et tu te surprends à faire comme elle. Ébouriffant.
Le 17 mai dernier, transpirant d’honnêteté, l’ex-rappeur nouvellement romancier a livré un étonnant concert qu’il voulait sans rappel, et qui s’est achevé dans le ventre du crocodile.
Kahina Belatrous - In crocodile we trust
Photo: Hugues Anhes